Après l’annonce d’une maladie doit-on tout dire à nos proches ?
L’annonce d’une maladie quelqu’elle soit engendre un tsunami dans la vie de n’importe qui surtout celui qui est concerné. Il n’y a alors pas d’autres choix que d’en informer une partie de ses proches…. Minute “d’autres choix” et bien non on a justement le choix de le dire ou de le garder pour soit. Ce choix là c’est le tien. Il est déjà suffisamment compliqué de devoir gérer ces choses là sans qu’en plus la société ne vienne exigée quoique ce soit de toi.
Cet article je l’écris parce qu’à l’époque j’aurais aimé qu’on me dise que j’avais le droit de ne pas répondre à toutes les questions ou encore que j’étais en droit de dire stop à ces montagnes de questions auxquelles je ne pouvais répondre.
1- Tu n’as aucune obligation d’en parler ….
Le premier principe est de se rappeler que son corps et sa santé nous est propre et ne concerne que nous même, alors on s’enlève cette obligation fictive d’en parler. Tu as le choix par contre de te livrer à des proches (bienveillant, emphatique et dont tu donnes pleinement ta confiance). Je te fais entièrement confiance pour savoir choisir les personnes en qui tu peux avoir toute confiance.
2- Laisse toi le temps d’ingérer l’information de l’annonce de la maladie
Très souvent après avoir entendu le diagnostic, et plus particulièrement le nom de ce qui te touche, tes oreilles bourdonnent… tu n’entends alors quasiment pas, voire plus, les mots prononcés par le médecin. Tu sens ton corps et ta tête s’effondrer comme si l’instant T venait de marquer un tournant à tout jamais. Des larmes peuvent couler sur tes joues, seule réaction que ton corps est capable de produire.
Tu rentres dans une boucle infernale où bien avant d’accepter le diagnostic il faut l’affronter, le comprendre et le digérer. Tu te souviendras très certainement de cette date à vie comme un instant suspendu dans le temps.
Ce temps là t’appartient pleinement parce que personne ne pourra faire ce travail à ta place. Il t’appartient aussi, car même si il vient chambouler la vie de tes proches, il te concerne personnellement, entièrement et pleinement.
3- Confie toi si tu en ressens le besoin
Se confier c’est aussi rendre la chose réelle et c’est très souvent difficile et délicat. Cela ne signifie pas que tu acceptes la maladie mais que tu décides d’affronter celle-ci pour guérir.
Se confier c’est aussi se libérer un peu l’esprit, comme si tu déposais se poids sur ton coeur à une ou plusieurs personnes en qui tu as confiance.
La peur de se confier peut venir aussi du fait qu’on ne veut pas que les gens s’apitoient sur notre sort, ou qu’ils se disent “oh la pauvre, c’est terrible ce qui lui arrive”. Alors petit rappel, n’anticipe pas les réactions de tes proches car tu pourras être surpris. Evidemment ils vont être inquiets pour toi, avoir peur de l’avenir mais en leur cachant à tout prix pour vouloir les protéger tu te mets au second plan. Or la personne qui doit être, et ceux en tout temps, ta priorité c’est toi et tes besoins.
Si il t’es trop difficile de te confier des professionnels de santé existe et te permettre de mettre à distance tes proches tant que tu en ressentira le besoin.
Par expérience, j’ai souvent voulu mettre mes proches à l’écart et les laisser penser via à Instagram que tout allait pour le mieux. Or ce n’était pas le cas et j’ai fini par craquer. Pleurer le jour comme de nuit et remettre mon sourire en public est un exercice extrêmement fatiguant. Alors un jour tu acceptes qu’une amie t’accompagne lors de ta perfusion de chimiothérapie et tu découvres que ça fait un bien fou d’avoir un proche, un morceau de ta vie dans cet univers blanc et froid.
Retour d’expérience
Pour ma part, j’avais informé mes copains que j’étais à l’hôpital car nous avions un week end suivant de prévu à Strasbourg chez une amie et je n’avais aucune idée de ma date de sortie. A ce moment là, il ne m’a pas été difficile d’énoncer les examens que l’on m’imposait puisque je n’avais aucune connaissance de la maladie qui m’habitait et qu’on me déclarerait.
Par contre une fois le diagnostic reçue, ça a été comme une bombe dans ma vie. Je me souviens alors d’avoir laissé un message sur notre groupe facebook :
Ce message est clair est synthétique, j’y annonce le nom de la maladie puis je rassure mes proches mais je les préviens que j’ai besoin de temps.
Ce message peut paraitre brut, distant ou même violent chacun l’interprète comme bon lui semble. Il a eu juste pour effet de maintenir mes proches à distance pour la simple et bonne raison qu’il fallait que je digère moi-même la notion avant même de pouvoir affronter quelques remarques, questions, interrogations de mes proches.
Le plus difficile reste de se protéger de la curiosité de certains et de la bienveillance des autres
Je m’explique d’abord sur la curiosité de l’entourage parce que certain non sans être méchant souhaite à tout prix savoir ce qu’il se trame dans ta vie. Mais la première chose que je dois dire en tant que juriste c’est que le harcèlement n’est pas réservé qu’aux personnes étrangères. En effet, si tu dis que tu n’ai pas prêt à parler ou le fameux “non non t’inquiètes ça va”, la personne en face DOIT respecter ta volonté. Ce n’est pas une question de personnes ou de moment. Un non restera toujours un non. Ce n’est absolument pas au malade de se sentir coupable de mettre de côté une personne qui insiste c’est une question de respect d’autrui.
En communication managériale on parle de Feedback qui consiste à donner son point de vue ou son avis sur le travail
de la personne managée. Mais avant tout feedback, le manager doit s’assurer que la personne en face est prête à recevoir cette information.
Ici c’est le même principe, on n’est parfois juste pas prêt à entendre les fameuses phrase :
Au delà du fait que personne ne peut dire, même pas les médecins, si tu vas guérir (ils peuvent donner des pronostics), il est d’autant plus culpabilisant de s’entendre dire qu’on est fort alors que la seule envie qui nous obsède c’est de pleurer et de s’enfoncer dans son lit en espérant que ce que tu vis actuellement est un cauchemar.
Loin de moi l’idée de culpabiliser les personnes bienveillantes qui essayent, tant bien que mal, de trouver les mots justes pour encourager.
Dites vous bien qu’un : “Je suis la” ou “On y arrivera” valent parfois milles fois plus que beaucoup de mots ou de phrases qui sont dites souvent pour se rassurer soi-même que pour aider l’autre.
Bref tu l’auras compris il n’y a que toi qui est maitre de dire ou non et à qui ce que tu vis. Je pense que cette règle vaut quelques soient les situations.
Mais saches que tu trouveras toujours dans ton entourage des gens bienveillants prêts à t’écouter lorsque tu seras prêt à en parler.